« On a la chance d’avoir en France des bases de données nationales, des entrepôts de données de santé, le Health Data Hub, etc. L’enjeu est d’utiliser toutes ces données pour des opérations concrètes, et non uniquement pour la recherche et l’évaluation ex-post, afin de piloter en direct le déploiement de programmes populationnels. Il faut se mettre en position dès les prochains mois pour commencer à au moins tester des solutions. » Dans le cadre d’un entretien exclusif accordé à H&TI en amont du salon SANTEXPO 2022, Antoine Malone, responsable du pôle « Prospective, Europe, International » de la Fédération hospitalière de France (FHF), revient sur les enjeux et perspectives du développement d’un modèle de santé populationnel – expérimenté en France depuis 2018 dans 5 territoires (article 51).Après une présentation des temps forts du programme de la FHF pour SANTEXPO sur la responsabilité populationnelle, il expose les enjeux du sujet avec un focus sur les aspects numériques du déploiement de ces modèles innovants, relevant que la structuration des données de santé fait partie des chantiers clés à mettre en œuvre. Il met par ailleurs en garde sur l’appétit grandissante des GAFA envers les données de santé, notant que les industriels américains suivent de près la construction de l’Espace européen des données de santé (EEDS) : « Ils sont à Bruxelles pour discuter du format des données de santé qui vont être incluses dans cet espace, ce qui derrière leur ouvre le marché. Parce qu’une fois que le format des données est standardisé, il est plus facile pour eux de venir s’installer en Europe. Je suis très partisan de la standardisation des données de santé au niveau européen mais il va falloir faire preuve de vigilance. »Antoine Malone partage enfin avec H&TI : • le bilan (chiffré) à date de l’expérimentation menée dans les 5 territoires pilotes, observant une forte montée en charge du projet depuis la sortie du confinement ;• le fonctionnement du modèle de financement testé, reposant sur un principe de rémunération collective, proche du modèle porté par les ACOs aux États-Unis, dont l’intérêt a déjà été prouvé.* La Cornouaille (Bretagne), l’Aube et le Sézannais (Grand Est) – la communauté d’agglomération du Douaisis (Hauts-de-France) -, les Deux-Sèvres (Nouvelle-Aquitaine) et la Haute Saône (Bourgogne-Franche-Comté).
16 mai 2022 Fares Boussaadoune