Dans un rapport rendu public le 3 avril 2023 sur la stratégie nationale de recherche en intelligence artificielle (SNRIA), stratégie dotée sur la période 2021-2025 de 1 545 M€ de financements publics, la Cour des comptes formule une série de recommandations pour améliorer le positionnement de la France en IA dans la compétition mondiale.Une stratégie nationale pour l’intelligence artificielle (SNIA) a été lancée en mars 2018 en France, dotée de 1 527 M€ de financements publics. Cette première phase a été suivie en novembre 2021 d’une phase dite d’accélération. Cette « stratégie d’accélération » vise notamment un transfert accru des résultats de la recherche vers le monde économique. Si la première phase de la SNIA a permis d’éviter le « décrochage » scientifique de la France sur l’IA, la Cour constate que l’efficacité de la stratégie n’est pas « avérée ». La France conserve « difficilement » une place au 10e rang à l’échelle mondiale en nombre de publications en IA et se maintient au 2e rang au niveau européen.
Une IA frugale et de confiance
« Le second volet est à présent déterminant pour enfin améliorer le positionnement de la France en IA dans la compétition mondiale », souligne le rapport. Cette stratégie d’accélération est pour la Cour l’opportunité d’une approche frugale et de confiance de l’IA. La confiance, le fait qu’une IA se caractérise par son interprétabilité, son explicabilité, sa transparence et une identité « responsable », et la frugalité, une IA durable et respectueuse de l’environnement, sont d’ailleurs des axes structurants du programme de recherche adossé à la stratégie d’accélération.Mais la Cour estime que de nombreux efforts restent à mener en matière d’IA frugale et d’IA de confiance, à la fois sur le plan de la mobilisation des chercheurs, de l’affectation des moyens et de la construction d’un cadre normatif européen.
Garantir la pérennité de l’écosystème
Pour garantir la pérennité de l’écosystème de recherches en IA, la Cour plaide notamment pour une révision de la temporalité des financements alloués aux instituts interdisciplinaires en IA (3IA) labellisés. La durée des financements de ces instituts est actuellement de quatre ans, une « logique de trop court terme pour permettre des effets de leviers ». La Cour des comptes formule sept préconisations pour la stratégie d’accélération en cours de déploiement: 1- traduire la politique publique sur l’IA dans un document budgétaire de synthèse qui permettra de la suivre et d’en mesurer les effets; 2- préciser les missions respectives des centres d’excellence 3IA et hors 3IA, et clarifier les financements pluriannuels qui leur sont alloués;3- établir de manière partagée les objectifs et indicateurs prioritaires de la politique publique en IA, en lien avec la stratégie européenne; 4- créer un comité scientifique et de pilotage auprès d’Inria, co-présidé par France Universités, pour suivre la mise en œuvre de la stratégie; 5- réaliser une cartographie des formations en IA à valoriser au travers d’un label commun pour accompagner leur massification ; 6- prévoir les besoins en enseignants du secondaire, en enseignants-chercheurs et en chercheurs formés à l’usage de l’IA et établir des plans de formation; 7- élaborer une charte et un catalogue de bonnes pratiques pour favoriser le développement d’une IA responsable.