« On cherche à créer des liens avec d’autres structures (innovation / Fab lab, centres cliniques, associations de patients…) pour comprendre comment la solution s’intègre dans le parcours de vie d’un patient. Parce qu’on parle de solutions qui vont rentrer chez lui, dans son quotidien (lien ville-hôpital, suivi de chimiothérapie orale, monitoring entre deux consultations, etc.). On parle de sa vie, pas de son parcours de soins stricto sensu : le seul qui est concerné c’est lui, le patient, et personne ne lui parle. La question de l’usage est pourtant majeure. Il faut partir des besoins avérés et travailler l’UI/UX avec les patients et les cliniciens, avec les utilisateurs. On aimerait bien renverser le système sur sujet. »Dans le cadre d’un entretien exclusif accordé à Health & Tech Intelligence en amont de la journée DTx France de TechToMed le 5 juillet 2022 (dont H&TI est partenaire), Jessica Leygues, déléguée Générale / CEO de Medicen Paris Region, partage sa vision du marché émergent des thérapies numériques (DTx). « On est actuellement dans la phase d’apprentissage, souligne-t-elle. Tout le monde y va tous azimuts. Je pense qu’à terme, on va apprendre à identifier le potentiel d’un projet en vie réelle et peut-être diminuer le nombre de structures qui se créent autour de ce sujet. »
« Le tout remboursement n’est pas toujours la meilleure solution »
« Je suis convaincue que les DTx vont être la solution pour résoudre un certain nombre de problématiques mais que cela va prendre du temps, note-t-elle. (…) Il y a clairement une belle perspective pour cette filière mais le taux d’attrition dans les 5 prochaines années (nombre de clients perdus / nombre de clients total au début de la période donnée X 100) sera très élevé. »Parmi les enjeux qu’elle relève, celui de l’usage donc mais aussi les problématiques autour du modèle économique à développer, le « tout remboursement » n’étant pas à ses yeux toujours la meilleure des solutions.Jessica Leygues annonce par ailleurs que Medicen Paris Region, en tant que pôle de compétitivité santé de la région Île-de-France, va lancer cet été un groupe de travail sur le sujet des DTx. Il sera composé de cliniciens, de chercheurs, de start-ups, d’industriels et également des régulateurs pour faire progresser la réflexion sur la question des modèles économiques mais aussi travailler sur le niveau de preuve en étudiant des cas d’usage concrets (a priori dans un premier temps sur le sujet de l’insuffisance cardiaque). Un document de synthèse sera rendu public à l’issue des travaux « afin de sensibiliser et d’apporter des réponses concrètes concernant un certain nombre de freins et de leviers ».De manière générale, Jessica Leygues prône avec conviction le développement du numérique dans le secteur médical : « Plus on parviendra à intégrer du digital dans le système de santé, plus on parviendra à se recentrer sur l’humain, un aspect que l’on a perdu dans le parcours de soins à cause du manque de temps, de la pénurie de médecins, etc. »📌 Inscription et programme de l’événement DTx France : ici.👉 À lire aussi pour aller plus loin : [ENTRETIEN EXCLU] DTx France : « un nouveau modèle d’entreprise », entre medtech et pharma, pourrait émerger (Hélène Moore, Ethypharm Digital Therapy).