4 juillet 2025 Nabil Bouamama

72 % des Français n’anticipent pas la perte d’autonomie

Malgré la perception d’un risque élevé, seuls 28 % des Français ont anticipé la perte d’autonomie. Le redéploiement budgétaire, notamment l’affectation d’1 % des budgets de chaque ministère, ressort comme l’option la plus acceptable face au refus de hausse des impôts pour financer la dépendance.

• 72% des Français n’ont pris aucune mesure pour anticiper leur dépendance.
• 71 % estiment manquer d’informations sur les options de financement.
• Rejet des hausses d’impôts, préférence pour des économies ailleurs.
• L’affectation de 1 % des budgets ministériels est plébiscitée.
• Rejet des mesures coercitives, besoin d’un équilibre solidarité/effort individuel.

71 % se disent mal informés

Selon une enquête BVA (pour le Cercle Vulnérabilités et Société) menée auprès de 1 001 Français, 41 % estiment que la perte d’autonomie exigera de gros efforts collectifs, tandis que 32 % l’associent aux choix politiques futurs. Toutefois, 72 % des répondants n’ont pris aucune initiative pour anticiper leur propre perte d’autonomie et 71 % se disent peu ou pas informés sur les solutions de financement. Le financement de la perte d’autonomie obtient une note moyenne de priorité de 6,69 sur 10, en retrait chez les moins de 35 ans (5,83) par rapport aux 50 ans et plus (7,16). La question se confronte à la concurrence des autres priorités telles que la santé, le pouvoir d’achat ou le chômage.

L’affectation d’1 % des budgets ministériels plébiscitée par les Français

L’étude souligne un rejet majoritaire de l’augmentation de la fiscalité. Les scénarios privilégiés par les Français incluent la réduction des dépenses d’autres postes budgétaires (59 %) et le maintien de la prise en charge actuelle en augmentant la part des efforts individuels (58 %). Parmi les mesures testées, l’affectation d’1 % du budget de chaque ministère au financement du vieillissement obtient le meilleur score net (+20 points), devant le prélèvement ciblé sur certaines catégories (+17) et la création d’un panier moyen de prise en charge garanti par l’État (+7). À l’inverse, l’obligation d’une assurance prévoyance, les exclusions de populations et la création d’une deuxième journée de solidarité recueillent des taux de rejet élevés.

Les femmes et les seniors privilégient la solidarité intergénérationnelle via des financements publics, tandis que les hommes soutiennent la responsabilisation individuelle. Les moins de 35 ans se montrent ouverts à l’usage des technologies pour optimiser la prise en charge, alors que les 60 ans et plus soutiennent prioritairement l’affectation budgétaire. À gauche, les répondants plébiscitent les hausses de cotisations, tandis qu’à droite, la diversification des financements sans hausse fiscale est privilégiée.

Financement de la dépendance : diversité des attentes, rejet des contraintes

Le rapport identifie quatre profils de répondants, des « conservateurs solidaires » aux « responsables autonomes », illustrant des préférences hétérogènes mais un refus marqué des mesures coercitives ou discriminantes. Malgré la perception d’un risque élevé, le fossé entre prise de conscience et préparation concrète reste large, laissant entrevoir la nécessité d’une stratégie publique équilibrée entre solidarité, responsabilisation et stabilité des financements.