Un dispositif expérimental, Vigie-Âge, est lancé pour 3 ans par l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France dans des secteurs de l’ouest parisien (Nord 92, Paris 14 et 15èmes, Grand Versailles) pour le maintien à domicile des personnes âgées. Une phase pilote préalable d’un an avait été lancée en août 2020 pour tester la faisabilité et l’utilité de ce processus innovant : le cahier des charges de l’expérimentation a été publié en décembre 2021.
Objectif : diminuer hospitalisations et passages aux urgences
Le projet est parti du constat du hiatus existant entre la prise en charge à l’hôpital et celle à domicile, qui crée des ruptures de parcours pour certaines personnes âgées ayant plusieurs pathologies et qui sont en perte progressive d’autonomie. Cela occasionne des passages à répétition dans des services d’accueil d’urgence (SAU), qui sont engorgés du fait notamment de la diminution du nombre de médecins traitants en ville. L’augmentation continue de la population âgée justifie la recherche de solutions alternatives véritablement innovantes. Des exemples étrangers, comme celui conduit depuis 10 ans avec un succès incontestable par la ville d’Oslo, incitent à cette recherche.La finalité du projet Vigie-Âge est de raccourcir ou d’éviter l’hospitalisation de personnes âgées de 70 ans ou plus, avec plusieurs pathologies et en situation clinique instable avec perte d’autonomie ainsi que de prévenir et de gérer de possibles épisodes de décompensation. A terme, ce dispositif doit permettre d’éviter ou de raccourcir le passage au service d’accueil d’urgence (SAU) et de maintenir à domicile de manière sécurisée les personnes âgées en situation instable, par le suivi des paramètres d’évolution de leur état.La phase pilote a permis de diminuer de 87 % le nombre des hospitalisations et de 36 % celui des passages aux urgences.
Deux plateformes : humaine et technologique
Le concept Vigie-Âge repose sur la mise en place d’une équipe soignante pluridisciplinaire dédiée ainsi que sur une plateforme numérique intégrant des dispositifs médicaux connectés, portés par les patients. Le dispositif bénéficie ainsi à la fois de l’expertise gériatrique de l’hôpital, de soins paramédicaux à domicile apportés par le service de soins infirmiers à domicile (SSIAD) et de la structure d’assistance et de coordination avec sécurisation à distance des personnes en permanence.Cette structure d’assistance et de coordination repose elle-même sur une plateforme humaine, composée des gestionnaires des « plans personnalisés de santé » (PPS) établis pour chaque bénéficiaire, ainsi que sur une plateforme numérique, analysant les paramètres de santé télétransmis depuis les objets connectés portés par les personnes. Ces deux plateformes, humaine avec les gestionnaires de PPS, et technologique, pour la télésurveillance et la télé-coordination, sont apportées par la société Epoca, fondée et présidée par le Dr Élise Cabanes, médecin urgentiste et gériatre.